HISTORIQUE :

Origine de Sirod :

" Du latin Sigproseum, Siguroscum, Sigoroscum, Syrilcum, Syrodum, Souroch, Surosc, Serod, Cirodz, Syroy, Sirols.

Tout concourt à démontrer l'antiquité de Sirod : les superstitions qui s'attachent aux Commères, la croyance à la fée Mélusine, l'omnipotence attribuée aux descendants de Saint Hubert pour guérir de la rage, la dédicace de l'église à Saint Etienne, premier martyr et sa mention dans un diplôme du roi Lothaire, de l'an 852 ou 855 et enfin le voisinage du chemin des Romains qui descendait par Charency au Pont du Navoy. Il n'est pas douteux que le territoire compris dans l'ancienne circonscription de l'immense paroisse de Sirod faisait partie des biens donnés en 522 par Sigismond, roi de Bourgogne, à l'Abbaye d'Agaune"

 

Les châteaux :

"La prévôté du val de Sirod était inféodée à une famille noble qui portait le nom de ce village. Pierre de Sirod, chevalier, vivait en 1184; Julie, fille de Richard de Sirod, en 1276, et Perrin de Sirod en 1404. On ignore si cette famille est la même que celle des Serod qui possédèrent pendant plusieurs siècles la baronie de Choye. Ce fief passa, au XVème siècle, à la famille de Montrichard. Antoine de Montrichard, marié en 1518 à Louise, fille de Nicolas Merceret de Salins, se qualifiait de sieur de Sirod.

Le château, dit de Montrichard, situé derrière l'église est de forme quadrangulaire avec quatre tours aux angles, dont trois sont circulaires, et l'autre, plus ancienne, est de forme carrée.Ce manoir fut acquis au XVIIIème siècle par la famille de Watteville, qui l'habita et le vendit au début du XIXème siècle à M. Jeunet. Il a été entièrement restauré par son propriétaire actuel. Il est inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques".

 

L'église Saint Etienne :

Le patronage de Saint Etienne indique l'ancienneté , mais sans permettre de la préciser. L'église garde assez de signes (absence de chapiteaux, forme des grandes arcades, implantation du clocher) pour évoquer son aspect originel roman; ses trois nefs devaient alors être couvertes d'une charpente apparente. Le voûtement actuel, pour l'essentiel (nef, travées latérales munies de culots sculptés), remonte au XVème siècle, plutôt dans sa première moitié; le style des culots l'atteste suffisamment. Le choeur, l'abside et la majeure partie des chapelles, encore gothiques, sont à peine plus tardifs. Quant aux ogives épaisses coiffant cinq travées des bas-côtés, elles seraient une réfection moderne.

En 1775, Antoine Bonaventure Fumey, architecte à Poligny, vient reconnaître les réparations qui s'imposent à l'église. Les murs du clocher apparaissent caducs, par vétusté et pour avoir subi le feu : des pierres y sont calcinées. Pour effacer les traces de gouttières, il faudra reblanchir l'intérieur à la chaux, ce qui sera effectué par un maître italien. Sont réunis les représentants des villages de la paroisse : Sirod, Crans, Syam, Charency, Treffay, Conte, Lent, Bourg de Sirod, Les Chalesmes, La Perrena, Bief des Maisons, Gillois et Arsurette. Plusieurs poussent à l'économie : Bief des Maisons vient d'être incendié et doit reconstruire son église; Chalesmes est dans la nécessité d'agrandir la sienne. Quelle solution serait la moins onéreuse : réparer le clocher avec sa flèche en bardeaux, le couronner par un dôme, en construire un neuf devant l'église ? A cet endroit d'ailleurss'étend sur toute la façade un "vestibule ou chapiteau", un porche soutenu par six colonnes de pierre. Une autre reconnaissance des ouvrages à faire au clocher est accomplie en 1778 par Louis Beuque, architecte bisontin; leur réception a lieu en 1785 seulement.

 
En 1890, l'église brûle à nouveau, avec presque la moitié du village. L'architecte champagnolais Schacre reconstruira le clocher en 1902, apparemment à l'identique : baies en tiers point et archivoltes sur culots, selon une photo prise au lendemain de l'incendie; en fait, il le monte en pierre blanche, étrangère à l'ensemble. Il jugeait l'ancien "du style ogival du XIIIe siècle, comme le reste de l'église". D'autre part, il explique les variations de la toiture : l'édifice avait toujours été couvert en bardeaux; cette couverture, excellente pour les pays de neige, "avait permis de détacher la grande nef des bas-côtés, en mettant une pente moins forte" sur ces derniers. Vu les dangers d'incendie, le bardeau avait été remplacé au début du XIXe siècle par une petite tuile excellente, alors très utilisée; elle a nécessité le redressement des pentes sur les collatéraux, et donc un toit uniforme. Ajoutons que la catastrophe de 1890 entraîne l'abandon du porche devant la façade; quant au cimetière entourant l'église, il a été déplacé en 1899.
 

La nef s'étend sur cinq travées dont la dernière porte le clocher; le choeur de deux travées s'achève par une abside à trois pans. Les collatéraux bordent les cinq travées de nef et la première du choeur. Sur leurs flancs, se greffent au sud deux étroites chapelles, avec lavabo à moulure et accolade flamboyante; au nord, deux chapelles plus tardives malgré leur structure gothique, ouvertes par un arc en plein cintre avec moulure terminée par un filet, comme à ceux du sud, et aux arcs longeant le choeur. Enfin, au droit de la travée sous clocher, se développe une chapelle de chaque côté : plus ou moins symétriques, voûtées d'ogives en pénétration sur colonnettes d'angle qui attestent le gothique final, elles sont des ajouts; le transept n'existe pas.

Le voûtement du vaisseau, assez homogène par la croissée d'ogives qui règne partout, avec des profils ressemblants, demeure - sauf à cinq travées de collatéraux, aux nervures lourdes et rejoignant mal les parois - l'ensemble le plus intéressant de l'édifice, par la richesse de ses éléments sculptés, supports et clés.

 
D ’illustres baptêmes ont été célébrés sur les fonts baptismaux de cette église
  • Le 26 février 1664

Dom jean de Watteville, abbé de Baune, Seigneur de Courvières, dUsies et d’autres lieux, représentait, pour le parrainage, son altesse, le Prince Charles Emmanuel, Duc de Savoie, au baptême de Charles Emmanuel, fils de Jean Charles de Watteville, marquis de Conflans, et de feu madame Deicola de Beaufremont, lequel était né le 10 février 1656.

La marraine était madame Louise Christine, née Princesse de Nassau,veuve de Philippe-François de Watteville, comte de Bussolin, et qui représentait à son tour, SAS la Princesse Christine de France, Duchesse de Savoie, mère du Duc régnant.

  • Ce même 26 février 1664

Dom Jean de Watteville, remplaçait aussi, près des fonts baptismaux, son frère Charles de Watteville, ambassadeur de sa Majesté Catholique auprès du roi de Grande-Bretagne, pour le baptême d’un autre fils du marquis de Conflans et de Deicola de Beauffremont, qui était né le 6 décembre 1656. La marraine Louise-Christine de Nassau y représentait Louise de Beauffremont, femme du marquis de Meximieux.

Ces mêmes Parrains et Marraines, donnèrent, encore ce même jour du 26 février 1664, leurs noms à un 3ème fils du marquis de Conflans, né le 14 septembre 1659.

  • Le 16 Juin 1707
Fut également baptisé, en cette église de Siroz, un fils, né le 11 novembre 1698, du mariage de Charles-Emmanuel, fils ainé de Jean-Charles de Watteville, marquis de Conflans, Seigneur de Château-Vilain, de Foncine, chevalier de la Toison d’Or, et d’Elisabth-Thérèse, née Comtesse de Mérode. Le parrain fut alors son Altesse électorale Maximilien-Philibert, Comte de Grammont, baron de l’Etoile, Chatillon, Dellefaux, et la marraine était SAR Sobiewski, Duchesse de Bavière, représentée par Charlotte de Neufchatel baronne d’Achey. Ce même 16 juin 1707, ces mêmes parrains et marraines donnèrent également leurs propres noms à Charlotte-Gabrielle, autre enfant de Charles-Emmanuel de Watteville, née le 2 septembre 1703.

L'immense paroisse de Sirod regroupait encore vers 1780 les villages de :

  • Arsure-Arsurette
  • Bief des Maisons
  • Bourg de Sirod
  • Les Chalesmes
  • Charency
  • Conte
  • Crans
  • Gillois
  • Les 2 Foncine
  • La Perrena
  • Les Planches
  • Lent
  • Syam
  • Treffay

Le prieuré :

Les libéralités de Sigismond envers l'Abbaye d'Agaune n'avaient pas été purement gratuites, ce souverain avait chargé les religieux de services si considérables qu'il fallut appeler des moines de Condat pour satisfaire à leur célébration, et leur céder par conséquent une certaine portion des domaines affectés à la dotation de ces services. C'est ainsi que ce dernier monastère devint propriétaire de Sirod et de plusieurs autres villages autour de Salins, possessions qui lui furent confirmés en 852 ou 855 par le roi Lothaire et par l'empereur Frédéric Barberousse en 1184. Une des nombreuses colonies sorties de cette maison sous Saint Lupicin, vint fonder dans le val de Sirod un prieuré qui ne tarda pas à devenir un centre à la fois agricole et religieux. L'église paroissiale et les droits qui y étaient attachés, restèrent en la possession des archevêques de Besançon jusqu'à l'époque où Humbert de la Roche sur l'Ognon consentit à les abandonner à Adon, abbé de Saint Oyan, sous la seule réserve d'une redevance de 20 livres d'huile d'olive à payer à lui même et à ses successeurs le dimanche de la Passion de chaque année.

La maison prieurale située au sud de l'église dont elle n'était séparée que par une cour close de murs et flanquée d'une grosse tour carrée, se composait d'un corps de logis élevé d'un seul étage au-dessus du rez de chaussée, d'une basse-cour renfermant une grange et deux écuries, d'un jardin, d'un verger. Elle était habitée par un prieur, un religieux Bénédictin mansionnaire et un autre moine qualifié de sacristain, présentés par le prieur et institués par l'abbé de Saint Claude. Les bâtiments ont été détruits depuis la révolution.

Ce prieuré fut sécularisé par lettres patentes du mois de décembre 1742, confirmatives d'une bulle du pape Benoît XIV et supprimé. Les revenus devaient être unis à la manse capitulaire des chanoines de Saint Claude après la mort de M. Despotot, alors prieur titulaire. Perronne du Tartre de Chilly, juge délégué par l'archevêque de Besançon, exécute cette union par un décret du 11 Août 1764, en réservant à l'archevêque le patronage des différentes églises dépendant de ce bénéfice et l'ancienne redevance annuelle des 20 livres d'huile d'olive.

Aucun événement notable ne s'est accompli dans cet établissement, si ce n'est l'incarcération en 1607, dans les prisons de l'abbaye de Saint Claude, de Claude Garnier, mansionnaire, pour des scènes turbulentes qui avaient effrayé la population de Sirod et l'expulsion, en 1636, de Mathieu Broye, autre mansionnaire, par Nicolas Hugonet, qui s'installa avec sa femme et ses enfants dans le prieuré et profana cette demeure.

Les incendies :